Par Flavie Detcheverry / 2022-09-13
Au Canada, 30% des adultes âgés de 20 à 79 ans souffrent de perte auditive, qui est diagnostiquée lorsqu’un individu a de la difficulté à entendre des sons de plus de 20 décibels (à titre comparatif, le volume d’une conversation normale se situe habituellement entre 50-80 décibels). De plus, 37% des adultes souffrent d'acouphènes, qui se caractérisent par la perception d’un son non généré par une source externe, par exemple un tintement, un sifflement, un bourdonnement, un grondement ou un rugissement dans les oreilles. Selon les statistiques du gouvernement du Canada, la perte auditive et les acouphènes affectent davantage les hommes (63%) que les femmes (46%) et les symptômes s’aggravent généralement avec l’âge - seulement 9% des personnes âgées de 20 à 39 ans ont une perte auditive contre 94% des individus de 70 à 79 ans. Ces perturbations liées à l’audition peuvent impacter négativement la qualité de vie de la personne concernée et ont été associées à la dépression, l’anxiété et le stress. Lorsqu’ils coexistent, ces incapacités physiques et mentales ont tendance à s’influencer et à s’exacerber mutuellement, entraînant des symptômes plus graves, et parfois une réduction des activités sociales et de l’auto-isolement. Il s’agit d’une relation particulièrement importante à considérer dans le contexte du déclin cognitif lié à l’âge et de la démence, pour lesquels la dépression, l’anxiété et le stress sont reconnus comme étant des facteurs de risque.
Les scientifiques ont découvert que de nombreuses personnes souffrent d’une perte auditive 5 à 10 ans avant leur diagnostic de démence liée à l’âge. Cela pourrait suggérer que les difficultés d’audition contribuent au déclin cognitif. En raison de cette association, la perte auditive est considérée comme un facteur de risque modifiable de la démence. Les facteurs de risque modifiables sont des comportements ou des expositions dans la vie d’une personne qui, s’ils sont modifiés, peuvent potentiellement réduire leur risque de développer une certaine maladie. Cela signifie qu’en traitant la perte auditive d’une personne, nous pourrions être en mesure de réduire ses chances de développer une démence. De façon similaire à cette association, le fait de ne pas fumer ou d’arrêter de fumer peut réduire le risque de cancer du poumon. Il existe deux explications possibles à cette association, la première suggérant que la privation auditive et le manque de stimulation causés par la perte auditive contribuent au déclin cognitif. L’autre hypothèse suggère que la perte auditive fait davantage travailler le cerveau sur l’audition et l’écoute, ce qui signifie qu’il y a moins de ressources disponibles pour d’autres processus cognitifs tels que l’attention et la mémoire de travail, ce qui contribue à son tour au déclin cognitif. Quelle que soit la bonne explication, il est clair que le traitement de la perte auditive ne doit pas être négligé, en particulier chez les personnes âgées ou chez les personnes à risque d’une démence liée à l’âge.
La recherche montre également des associations entre la perte auditive et les changements fonctionnels et anatomiques dans le cerveau des personnes âgées. Ces changements peuvent être évalués à l’aide de techniques de neuroimagerie telles que l’imagerie par résonance magnétique structurelle et fonctionnelle...